La naissance d'un soutien-gorge

Symbole de coquetterie depuis l'antiquité, véritable écrin de la féminité, le soutien-gorge est un indispensable de la lingerie féminine.

Mais pour être à la fois confortable, fonctionnel et sexy, un même modèle peut demander jusqu'à 18 mois de travail et plus de 50 matériaux différents ! Découvrons les trois grandes étapes de la naissance d'un sous-vêtement extrêmement technique...

Etape 1 : stylisme et inspiration

 

Tout commence par la recherche. Le styliste, à l'affût des tendances, va imaginer un soutien-gorge nouveau. Il va s'inspirer de de modèles existants, de matières, parfois même d'une passante aperçue dans la rue !

Puis il va dessiner une création originale, réaliser un ou plusieurs croquis à partir duquel un patron sera fait. Voici, en vidéo, la journée-type d'une styliste lingerie, Cilia Boës : Le styliste lingerie pourra choisir de créer un modèle de soutien-gorge précis, en fonction de la demande de son client. De nos jours, il existe plus d'une dizaine de modèles différents, dont chacun répond à une demande particulière des femmes :

• Le triangle, généralement sans armatures ;

• La brassière, également sans armatures et souvent utilisée pour le sport ou le maintien des fortes poitrines la nuit ;

• L'emboîtant, avec une armature en forme de demi-cercle sous les bonnets et destiné au maintien des poitrines généreuses ;

• Le soutien-gorge corbeille, dont les bretelles sont placées à l'extérieur des bonnets et qui galbe les poitrines discrètes à moyennes ;

• Le balconnet, ou "pigeonnant", qui avantage le décolleté ;

• Le bandeau qui ne comporte pas de bretelles et permet de dégager les épaules ;

• Le push-up, conçu pour donner l'impression d'un volume supérieur, en galbant la poitrine vers l'entre-bonnets ;

• Le redresse-seins dont les bonnets sont ouverts. Ce type de soutien-gorge, qui n'offre pas ou peu de maintien, est surtout destiné à la séduction ;

• L'adhésif, en silicone et réservé aux petites poitrines, il permet une totale invisibilité sous les vêtements ;

• Le minimiseur, qui répartit les volumes des poitrines généreuses pour les faire paraître plus discrètes ;

• Le soutien-gorge de sport, à maintien renforcé et qui limite les mouvements de la poitrine ;

• Le soutien-gorge d'allaitement, dont les bonnets amovibles facilitent l'allaitement du bébé.

Cette année, des modèles un peu particuliers sont apparus dans le paysage de la lingerie féminine. Il s'agit des premiers soutien-gorges réputés "anti-âge". Cette innovation, qui surfe sur la vague des sous-vêtements cosmétiques, promet un raffermissement de la poitrine sans effort, grâce à l'insertion de micro-capsules enrichies en principes actifs sensés rajeunir la peau. A ce jour, aucune étude fiable n'a démontré l'efficacité du dispositif, mais la tendance est bien là !

Côté style, les soutien-gorges tendance d'aujourd'hui s'inspirent... de la mode rétro ! Les années 20 notamment, chez Lejaby comme chez Chantal Thomass, sont revisitées pour répondre à la demande d'un soutien-gorge bijou, raffiné et précieux. Une fois le croquis validé par le client, le modéliste prend le relais pour donner vie à la création du styliste.

Etape 2 : modélisme et confection

Le modéliste (ou le styliste-modéliste) va réaliser le patronage, puis le prototype, du soutien-gorge en devenir. Voici un exemple de création de patron, pour un modèle classique de soutien-gorge :

Les modélistes actuels font appel aux dernières technologies pour créer leurs prototypes : logiciels 3D, imprimantes laser... Tout doit être le plus précis possible, hommage rendu à l'excellence du savoir-faire français en la matière. "Un bon soutien-gorge c'était vraiment au millimètre près. C'était vraiment nickel. Quand vous le mettiez, vous n'aviez rien à refaire. Il n'y avait pas de défaut." (Mme Y pour Lou, in Les dessous de l'Isère, une histoire de la lingerie féminine).

Ce sont les couturières qui sont chargées d'assembler les pièces de ce puzzle qu'est le patron du soutien-gorge. Les "petites mains" peuvent mettre plus de 2 heures pour réaliser un premier prototype. Ensuite, celui-ci est essayé sur un vrai modèle. Le moindre défaut va alors être traqué pour être aussitôt corrigé.

Les essayages, d'abord en taille standard, puis dans toutes les tailles, permettront de parfaire la confection du modèle idéal. Ce dernier ne doit être en effet ni trop serré ni trop lâche, sous peine d'endommager la poitrine de la cliente... En moyenne, pour un soutien-gorge haut de gamme, il faut compter une vingtaine de retouches et d'ajustements pour que le prototype final soit enfin validé.

Il s'agit ici d'un modèle très simple. On imagine les compétences techniques nécessaires au patronage d'un soutien-gorge comme celui-ci...

 

Etape 3 : commercialisation... et délocalisation

Lancé en série, le nouveau soutien-gorge va surtout être distribué... en grande surface ! Plus de 20% des ventes se réalisent en effet entre les couches-culottes et les légumes, à moindre coût.

Or, le soutien-gorge est sans doute le vêtement le plus complexe et le plus coûteux à réaliser. Plus d'une cinquantaine de pièces et une trentaine d'opérations peuvent être nécessaires à la confection d'un seul soutien-gorge. Conséquence : la production est délocalisée vers des pays où la main d'oeuvre et les matières premières sont peu coûteux. Près de 96 % de la lingerie vendue en France est aujourd'hui fabriquée à l'étranger (Chine, Afrique, Europe de l'Est...).

Même la dentelle, considérée comme l'un des fleurons de l'artisanat français, n'est pas épargnée par ce phénomène. Prenons le cas de la dentelle de Calais. Seule la dentelle réalisée dans le Nord de la France, sur les célèbres métiers à tisser Leavers, classés mobilier historique en 2006, devrait porter ce nom. Or, en l'absence d'appellation d'origine contrôlée, le commerçant peut légalement indiquer "dentelle de Calais" sur l'étiquette d'une lingerie dont la dentelle a en réalité été fabriquée... en Chine.

Mis en cause pour les conséquences sociales et environnementales de sa production, le soutien-gorge a même été récemment au cœur d'une polémique de santé publique. Pour autant, il fait toujours rêver ! Nul doute que vous trouverez, dans une offre toujours plus vaste, celui qui saura vous sublimer sous votre robe de mariée.

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